L’apparition de certaines maladies qui portent atteinte au bon fonctionnement de l’organisme implique un changement des habitudes alimentaires. Il est nécessaire d’adopter un régime adapté au cours du traitement pour améliorer la qualité de vie et conserver un certain confort malgré la présence d’éventuels troubles. Le point sur la maladie de crohn et le type d’alimentation à privilégier par le patient.
La maladie de crohn
La maladie de crohn est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Elle attaque le système digestif et se manifeste par une inflammation de n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus.
Quelle partie du système digestif est la plus fréquemment touchée par cette maladie ?
La maladie de crohn peut toucher toutes les parties du tube digestif simultanément ou séparément et successivement. Cependant, cette pathologie est le plus souvent localisée dans la partie inférieure de l’intestin grêle en cas d’iléite, dans le côlon en cas de colite ou de colite ulcéreuse et dans ces deux parties lorsqu’il s’agit d’une iléo-colite.
Quels sont les symptômes de la maladie de crohn ?
Le développement de cette pathologie est lent et progressif. Les patients atteints de la maladie de crohn peuvent ne présenter aucun symptôme durant une longue période. Cependant, en cas de crise, d’autres sont sujets à des symptômes digestifs tels que :
- Des douleurs abdominales et des maux de ventre fréquents ;
- Des diarrhées abondantes et des selles liquides ;
- Un amaigrissement apparent et une perte de poids rapide et inexpliquée ;
- Une perte d’appétit ;
- Des douleurs au niveau de l’anus et un écoulement de sang ou de glaire par le rectum ;
- Des ballonnements ;
- Des nausées et des vomissements ;
- Une carence importante en fer ou en vitamine B12 menant à une anémie sévère.
D’autres symptômes ne touchant pas le système digestif peuvent également survenir tels que :
- Une grande fatigue ;
- L’apparition fréquente d’aphtes ;
- Des douleurs articulaires et des crampes.
Il est conseillé de consulter rapidement un médecin en cas d’apparition de ces symptômes afin d’éviter que la maladie prenne de l’ampleur.
Est-ce qu’on peut soigner et guérir la maladie de crohn ?
La maladie de crohn est une pathologie chronique. Les patients qui en souffrent passent par des périodes de poussées alternant les phases d’activité (crises) et les phases de rémission (accalmie). Actuellement, il n’existe pas de traitement efficace pour soigner la maladie de crohn, ce qui fait de cette MICI une pathologie incurable. Cependant, si elle est correctement prise en charge, une personne atteinte de la maladie de la maladie de crohn peut vivre une vie normale. Par opposition, si elle n’est pas traitée, cette maladie peut avoir de graves conséquences. Bien que cette pathologie auto-immune n’est pas directement mortelle, elle est extrêmement invalidante et handicapante et altère sévèrement la qualité de vie de la personne qui en souffre.
Qu’est-ce qui provoque la maladie de crohn ?
Actuellement, les facteurs à l’origine de la maladie de crohn sont encore méconnus. Cependant, des causes liées à la génétique, au système immunitaire et à l’environnement sont avancées.
Il est possible de rattacher une cause génétique à la maladie de crohn du fait que les individus atteints de cette pathologie ont souvent des parents qui en souffrent également.
Les facteurs environnementaux en sont également à l’origine. Le stress, le tabagisme, la surconsommation de matières grasses et le mauvais état nutritionnel peuvent être des facteurs de risques de la maladie de crohn.
Une flore bactérienne intestinale perturbée affaiblit le système immunitaire et favorise la survenue de la maladie de crohn.
Comment diagnostiquer la maladie de crohn ?
Afin de détecter la maladie de crohn chez un patient, il est nécessaire de procéder à un diagnostic pluridisciplinaire.
La première consultation se fait chez un médecin généraliste pendant une phase de poussée active durant laquelle le patient ressent les différents symptômes liés à la maladie.
S’ensuit un bilan biologique afin de déterminer la nature de l’inflammation en analysant les selles, les carences potentielles et une éventuelle anémie.
Une endoscopie digestive par coloscopie est effectuée pour identifier les parties du tube digestif touchées par l’inflammation. Puis, une IRM de l’intestin grêle ou une visio capsule sont pratiquées afin de chercher s’il y a des lésions intestinales dues à l’inflammation, principalement dans la partie inférieure de l’intestin grêle.
Des examens complémentaires peuvent être requis afin de déceler l’avancée et l’étendue de la maladie, puis de choisir une prise en charge adaptée.
Nutrition : quel régime et quels aliments faut-il privilégier en cas de maladie de crohn ?
L’alimentation joue un rôle essentiel dans la prise en charge des MICI. Pour la maladie de crohn, le régime alimentaire est établi selon la période de poussée. Durant la phase active, un régime sans résidu durant 3 jours à 3 semaines est recommandé. Pendant la phase de rémission, un retour à une alimentation normale est possible tout en prenant des précautions afin de limiter les rechutes. Un rééquilibrage alimentaire prônant les aliments riches en nutriments essentiels est conseillé aux patients atteints de la maladie de crohn. L’objectif de ce rééquilibrage est de faciliter le travail de digestion et d’éviter de trop stimuler les mouvements intestinaux.
Un régime sans résidu pour accompagner les périodes de crise
Adopter un régime sans résidu consiste à éliminer de l’alimentation les résidus difficiles à assimiler et à digérer par l’intestin. Il s’agit de limiter la consommation d’aliments riches en fibres et en lactose. Ce type d’alimentation permet de diminuer les symptômes de la phase active de la maladie de crohn en préservant le processus de digestion, en facilitant le transit et évitant l’irritation du tube digestif.
Où se trouvent les résidus ?
Généralement, un régime sans résidu proscrit :
- Les fibres alimentaires : ces résidus sont fermentés sans le côlon et ne sont pas dégradés par les enzymes responsables de la digestion ;
- L’amidon : ce composé présent dans de nombreux aliments est difficile à digérer, surtout en cas de conservation au réfrigérateur après cuisson ;
- Le lactose : ce produit est difficile à assimiler et à dégrader par les enzymes de l’intestin grêle et peut provoquer des diarrhées en cas d’insuffisance en lactase ;
- Les matières grasses cuites, les épices, la caféine et l’alcool : la consommation de ces produits favorise l’irritation de l’intestin et des parois digestives.
Quels sont les aliments interdits et à éviter en cas de maladie de crohn ?
Un régime sans résidu est généralement composé de 3 principaux repas et de 2 collations par jour. Les aliments à éviter durant un régime sans résidu sont :
- Les produits laitiers tels que les laits d’origine animale, les fromages blancs, les yaourts sucrés, les fromages à croûte, etc. ;
- Les viandes grasses, crues et fumées ;
- Les poissons en conserve, pannés, crus et fumés ;
- Les fruits de mer crus tels que les palourdes, les noix de saint jacques, les huîtres, etc. ;
- Les charcuteries ;
- Les aliments à base de soja comme le tofu, le tempeh ou encore le lait de soja ;
- Les œufs cuits avec de la matière grasse ;
- Tous les légumes frais, en conserve, crus ou cuits ;
- Tous les fruits ;
- Les aliments gras ;
- Les produits riches en sucres simples tels que la confiture, le chocolat, les bonbons, les viennoiseries, etc. ;
- Les jus de fruits et de légumes, les sodas, l’alcool ;
- Les graines (graines de lin, de chia, de courge, etc.) ;
- Les noix (noix de macadamia, de cajou, de pécan, etc.) ;
- Les épices ;
- Les céréales industrielles.
Quels sont les aliments autorisés pendant un régime sans résidu ?
Les aliments autorisés pendant un régime sans résidu sont :
- Les céréales complètes et à base de farine blanche : riz, pâtes, semoule, etc. ;
- Les fromages à pâte cuite ;
- Les œufs cuits sans matières grasses selon la propre tolérance du patient ;
- Le lait faible en lactose ;
- Les yaourts nature allégés ;
- Les viandes maigres cuites sans matières grasses ;
- Les volailles cuites sans matières grasses et sans la peau ;
- Le jambon cuit ;
- Le poisson cuit sans matières grasses ;
- Les fruits de mer cuits sans matières grasses ;
- Le beurre cru ;
- Le miel ;
- Les boissons gazeuses, le thé et l’eau ;
- Les potages préparés avec les légumes pauvres en fibres ;
- Les crudités et les fruits mûrs peuvent être autorisés pour un régime sans résidu élargi.
L’importance de la consommation d’eau pour la maladie de crohn
Une bonne hydratation est vitale pour une personne atteinte de la maladie de crohn. En effet, la diarrhée, qui est un symptôme fréquent de cette pathologie, peut causer une déshydratation importante. Il est conseillé de boire 2 litres d’eau par jour en répartissant la consommation en petites quantités tout au long de la journée.
Les conseils pour vivre avec la maladie de crohn
La maladie de crohn est difficile à gérer et à traiter. Cependant, afin d’améliorer le quotidien et de retrouver une qualité de vie meilleure, il existe quelques astuces à appliquer :
- Prendre les gros repas au déjeuner et privilégier un repas léger le soir ;
- Bien mastiquer les aliments avant de les avaler ;
- Éviter au maximum les aliments trop gras, trop sucrés ou trop épicés ;
- Privilégier les aliments riches en acide folique, en vitamines A, E, K, D et B12, en fer et en zinc ;
- Préférer l’eau aux autres boissons ;
- Prendre le temps de manger et de digérer correctement ;
- Privilégier le repos et éviter le stress ;
- Pratiquer une activité sportive régulière.